Sidi Touré

Journée ivoirienne au SIA :
Sidi Touré présente les potentialités de son secteur et les actions du MIRAH  ( L’intégralité de son discours)

Lors de la journée ivoirienne, le 2 mars 2023, au Salon International de l’Agriculture (SIA) de Paris, le ministre ivoirien des Ressources Animales et Halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, a fait un important discours pour exposer les potentialités du secteur, les actions et les attentes de son département en matière de production animale. C’était en présence, notamment de ses homologues ivoiriens Kobenan kouassi Adjoumani, Ministre d’Etat en charge de l’Agriculture et du Développement Rural et Laurent Tchagba, Ministre des Eaux et Forêts, mais aussi en présence du Ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, Marc FRESNAUD. Voici l’intégralité du discours du ministre Sidi Touré.

 Mesdames et Messieurs,

C’est avec un immense plaisir que je prends la parole devant vous, à l’occasion de la Journée Ivoirienne de la 59ème Edition du Salon International de l’Agriculture de Paris.

Placée sous le thème « L’Agriculture : le vivant au quotidien » cette 59ème édition situe l’Agriculture au cœur de l’existence humaine et de sa survie. Cet important rendez-vous annuel de tous les acteurs du monde agricole, est aussi l’occasion pour la Côte d’Ivoire, particulièrement pour le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH) de présenter les atouts de son secteur et surtout, les perspectives en matière de production, d’approvisionnement en produits animaux et halieutiques de qualité ainsi que celles relatives à la santé publique vétérinaire.

Mesdames et Messieurs,

Le secteur des Ressources Animales et Halieutiques de mon pays regorge d’énormes potentialités notamment :

  • Au niveau naturel

La Côte d’Ivoire abrite une Zone Economique Exclusive (ZEE) de 200 nautiques sur 280, comprenant des exploitations offshores, des zones de pêche, une magnifique et riche façade maritime de 566 km, un plateau continental traversé par un réseau d’eaux de surface constitué par quatre grands fleuves, des lagunes, des lacs, des rivières et de nombreux bas-fonds favorables à l’aquaculture.

Pour l’élevage, elle dispose de 11 millions d’hectares de parcours propices à la production d’animaux domestiques ainsi que de leur alimentation à travers la valorisation de nos produits et sous-produits agricoles et agro-industriels.

  • Au niveau du capital humain

Selon les chiffres du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2021, la population ivoirienne est d’environ 28 millions d’habitants, avec une forte proportion de jeunes estimée à 75%. Par ailleurs, le leadership de S. E. Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire a permis une embellie économique ces dernières années marquée par l’éclosion de ressources humaines de qualités qui portent l’action de développement de notre secteur.

  • Au niveau des infrastructures de base

Nous dénombrons des ranches et stations d’élevage ayant une superficie de 180 000 hectares, plusieurs barrages et de nombreuses retenues d’eau pour le développement de l’élevage et de l’aquaculture.

Mesdames et Messieurs,

Le potentiel de la Côte d’Ivoire en matière de développement du secteur des ressources animales et halieutiques est sous-exploité. Il constitue une réelle opportunité d’investissements, surtout face aux déficits de couverture des besoins par la production nationale. En effet, la production nationale ne couvre que :

  • 44% des besoins en viandes (Bovins, ovins, caprins et volaille…),
  • 19,1% des besoins en lait ;
  • 16% des besoins en produits halieutiques.

Mesdames et Messieurs,

L’année 2023 a été déclarée « Année de la Jeunesse » par Son Excellence M. Alassane OUATTARA, Président de la République. Face aux défis de développement du secteur et aux orientations politiques du Gouvernement du Premier Ministre Patrick ACHI, l’on est en droit de se demander quelle est la place des jeunes dans les perspectives de développement du secteur.

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Autrement dit, l’articulation des exigences du développement du secteur des Ressources Animales et Halieutiques et des orientations politiques du Chef de l’Etat nous impose de partager avec vous, quelques axes de cette problématique de « L’autosuffisance en produits animaux et halieutiques face aux défis de l’employabilité de la jeunesse ».

Mesdames et Messieurs,

Les GAP de production et nos difficultés à couvrir les besoins nationaux à partir de la production locale, engendrent des importations massives de produits animaux et halieutiques.

L’atteinte de l’autosuffisance en produits animaux et halieutiques requiert la mise en place d’unités de production dans toutes les chaines de valeurs du secteur.

 

  • Au niveau de l’aquaculture :

Les investissements peuvent concerner la mise en place d’unités de production aquacoles (alevins, poissons marchands et aliments), car la production aquacole nationale est évaluée à environ 5.000 tonnes. L’objectif de production affiché est de 150 000 tonnes à l’horizon 2026, équivalant à un peu plus de 343, 44 millions d’euros.

L’atteinte de cet objectif est assujettie à la fourniture et la satisfaction des besoins en intrants

  • Besoins alevins : 600 000 000 soit un chiffre d’affaires en investissement de 120 milliards de FCFA, soit 183,17 millions d’euros ;
  • Besoins en aliments : 2 250 000 tonnes, pour un chiffre d’affaires de 240, 82 milliards de FCFA, soit 367, 58 millions d’euros.

 

 

 

  • Au niveau de la pêche :
  • La flotte de la pêche artisanale est estimée à environ 1991 embarcations motorisées à 68% dont plus de 50% ont au moins 10 ans la majorité est en bois ; cela représente un potentiel de renouvellement de la flotte de l’ordre de 4, 13 millions d’euros ;
  • Les filets maillants sont utilisés à 64% comme engin de pêche. Cela représente un potentiel d’investissement de 17, 20 millions d’euros ;
  • Au niveau de la production animale :
    • La mise en place d’unités de production de produits d’élevage de ruminants à travers des Partenariats Publics Privés sur les ranches et stations, constitue également un réel attrait d’investissement. L’objectif de production de viande affiché à l’horizon 2026 est de 42219 tonnes de viande bovine 25 000 tonnes de viande ovine, 25 000 tonnes de viande de porcs et 68 000 tonnes de lait correspondant à un chiffre d’affaires cumulé de 409,39 millions d’euros. La transformation et la distribution étant des secteurs à forte potentialité économique.
    • La mise en place d’unités de production de volailles (poussins d’un jour et œufs). L’objectif de production est de 130 000 tonnes de viandes et 132 050 tonnes d’œufs contre respectivement une production de 75 444 tonnes pour la viande et 66 495 tonnes pour les œufs en 2021, représentant un chiffre d’affaires cumulé de 838, 72 millions d’euros. Cet objectif est assujetti à la satisfaction des besoins suivants :
    • Besoin de poussins : 94 022 393 poussins cumulés (chaires et pondeuses) représentant un chiffre d’affaires global estimé à 72,85 millions d’euros ;
    • Besoin d’aliments : 511 100 tonnes soit environ 360,05 millions d’euros de chiffre d’affaires ;
    • Besoin en médicaments et produits vétérinaires représentant un chiffre d’affaires cumulé de 57,41 millions d’euros
  • Au niveau de la Transformation industrielle :

Les investissements concernent :

  • des chaines d’abattages dans les principales villes du pays au niveau des filières porcines, volailles et des ruminants ;
  • des usines de fabrication d’aliments de qualité pour le bétail et pour les poissons ;
  • des unités de transformation du poisson ;
  • des unités agro-industrielles laitières.
  • Au niveau du développement d’outillage technique, les investissements peuvent concerner :
    • la Mise en place d’usines de fabrication et de réparation des embarcations de pêches;
    • l’Approvisionnement en matériels techniques d’élevages, de pêches et de pisciculture.
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Mesdames et Messieurs,

Ces entités permettront de nous rapprocher de notre objectif de la souveraineté alimentaire avec une couverture de plus de 65 % des besoins de consommation des populations en produits animaux et halieutiques en 2026 contre 26,7% en 2019. Ce qui réduira substantiellement les importations en produits animaux et halieutiques et la sortie de devise de plus de 686, 87 millions d’euros.

En outre, ces investissements permettront la création de plus de 700 000 emplois directs et 1 500 000 emplois indirects.

Mesdames et Messieurs,

En Afrique, l’agriculture y compris les productions animales est le secteur qui offre le plus de potentiel pour réduire la pauvreté et créer des emplois. C’est pourquoi, face à la problématique de l’attractivité du secteur agricole en général et du secteur des ressources animales et halieutiques en particulier, le thème « L’autosuffisance en produits animaux et halieutiques face aux défis de l’employabilité de la jeunesse » permet de mettre en avant des solutions pérennes telles que les innovations technologiques pour attirer de plus en plus de jeunes.

Le secteur des ressources animales et halieutiques qui demeure encore faiblement valorisé avec une forte dépendance des importations pour les produits animaux, les produits de pêche, les denrées animales et d’origine animale, a vu ses tendances s’inverser avec la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement de l’Élevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA) qui met l’accent sur les filières porteuses à fortes croissances  que sont la volaille, le porc, et l’aquaculture pour atteindre l’autosuffisance en protéines animales.

Pour les cinq années à venir, la PONADEPA (2022-2026) à travers ces cinq stratégies mettra un accent particulier sur la bonne gouvernance, notamment, la modernisation et le renforcement du cadre institutionnel et réglementaire, et permettra de lever toutes les entraves qui handicapent le développement durable en impliquant davantage le secteur privé. Cette vision découle de la volonté politique du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA de faire de la Côte d’Ivoire un pays solidaire, base d’une croissance économique, soutenue et inclusive.

 Mesdames et Messieurs,

L’amélioration de l’attractivité du secteur, passe effectivement par le développement des innovations technologiques. L’utilisation des innovations technologiques dans les domaines de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture peut induire une productivité plus grande, une amélioration des conditions de productions, une réduction de la charge de travail et une attractivité pour les jeunes.

La Côte d’Ivoire qui a un gros potentiel de production fourragères peut favoriser la création d’entreprises d’agrofournitures par l’utilisation de technologies nouvelles telles que la presses à balle-ronde pour le foin et devenir ainsi, un exportateur vers les pays sahéliens.

Dans le domaine de la pêche, les innovations technologiques permettent d’une part, avec le système des radars, de surveiller les plans d’eau et de lutter ainsi efficacement contre la pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée (INN) et d’autre part, d’évaluer à l’aide des techniques acoustiques basées sur l’utilisation d’échosondeurs, les stocks de poissons dans la Zone Economique Exclusive (ZEE).

En aquaculture, les technologies peuvent être appliquées pour l’augmentation de la production et peuvent ainsi ouvrir la voie d’amélioration de la reproduction et la survie d’espèces en voie de disparition, tout en préservant la biodiversité du milieu aquatique.

Mesdames et Messieurs,

Pour répondre à toutes ces préoccupations, une nouvelle approche de mise en œuvre des projets est initiée. Cette approche adresse les problématiques de l’ensemble des chaînes de valeur. Elle consiste en la mise en place d’instruments de développement dénommés Centres d’Application et de Spécialisation.

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Les Centres d’Applications et de Spécialisations sont des entités fonctionnelles et opérationnelles mis en place à travers des projets ou tout autre accompagnement public et privé. Ils sont porteurs d’initiatives en matière de développement des filières du secteur. Ils sont dédiés à :

  • la recherche et au développement des filières concernées ;
  • l’appui à la formation des bénéficiaires et à l’encadrement des éleveurs traditionnels, des acteurs de la chaîne de transformation, de distribution, des fabricants d’aliments etc. ;
  • l’insertion-emploi pour les jeunes et les femmes.

Les Centres d’Application et de Spécialisation vont couvrir l’ensemble du territoire national depuis leurs lieux d’implantations. Ils seront ouverts à toute personne désireuse d’apprendre le métier d’élevage ainsi qu’à tous les acteurs des différentes filières concernées.

Mesdames et Messieurs,

Le développement ne s’adresse pas seul, ce qui justifie que dans la PONADEPA, il est attendu non seulement l’accompagnement de partenaires techniques et financiers, mais aussi un appui conséquent du privé pour répondre aux orientations du Gouvernement afin de faire des Ressources animales et halieutiques un secteur attrayant porté par des systèmes de production tournés vers le marché, respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Cette vision basée sur des systèmes de productions modernes est fortement centé sur la promotion des PME ddédiées au secteur. Les récentes reformes juridiques opérées dans le secteur en sont un solide gage. .

C’est pourquoi, ces investissements, vos investissements permettront de faire face aux principaux défis du secteur que sont :

  • La Modernisation des systèmes de production pour accroitre la productivité et les revenus des producteurs ;
  • L’Accroissement de la production nationale en produits animaux et halieutiques afin de réduire la dépendance de l’extérieur ;
  • L’Amélioration de la sécurité sanitaire des denrées animales et d’origine animale ;
  • La Professionnalisation des acteurs et structuration des filières du secteur ;
  • La Mise en place de mécanismes de financement adapté au secteur.

Aussi, un ensemble de structures publiques et privées constituent un accompagnement certain au développement et à l’investissement dans le secteur. Ce sont entre autres :

  • Groupements d’intérêt (les organisations d’acteurs : IPRAVI, INTERPORCI, FENASCOOPCI, COFENABVI…)
  • Organismes sous-tutelle (la Société Ivoirienne d’Abattage et de Charcuterie (SIVAC) et le Comité d’Administration du Régime Franc (CARF) des entreprises de Transformations halieutiques.
  • Structures d’appuis (le CNRA, CRO et Universités pour la recherche, l’ANADER pour le conseil en élevage et en aquaculture et le FIRCA pour le financement du conseil et de la recherche).
  • Entreprises privées (SIPRA, FOANI Services dans la filière avicole, SICS et GID dans la transformation de produits de porcs et AIRONE, SCODI, BPE pour la production de conserves de thon et autres produits de pêche).

Mesdames et Messieurs,

Nous pouvons, pour cette année 2023, année de la jeunesse décrétée par Monsieur le Président de la République, SEM Alassane OUATTARA, déduire que les principales réformes, que le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques de Côte d’Ivoire entend engager, se feront au regard de la volonté et des ambitions d’insertion des jeunes pour leur autonomisation, car, il est primordial de les sortir de la précarité. Ainsi, ces réformes permettront d’assurer à la Côte d’Ivoire d’amorcer son ascension vers l’autosuffisance en protéines animale et halieutique de qualité et favorisera l’employabilité de la jeunesse pour rimer avec la politique de Son Excellence ALASSANE OUATTARA.

AUTOSUFFANCE EN PROTEINES ANIMALES ET HALIEUTIQUE FACE AUX DEFIS DE L’EMPLOYABILITE DE LA JEUNESSE, « ENSEMBLE NOUS Y ARRIVERONS »

JE VOUS REMERCIE

SIDI TIEMOKO TOURE

  Ministre des Ressources Animales et Halieutiques

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